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Mardi 10 juin 2025

GitOps : Une Approche Moderne pour la Gestion d’Infrastructure

Le GitOps s’impose aujourd’hui comme une évolution incontournable des pratiques DevOps. Si vous n’êtes pas encore familier avec DevOps, nous vous recommandons de découvrir notre article dédié avant de poursuivre la lecture de celui-ci : https://olympp.fr/devops-definition-et-pratique/

Pourquoi l’IaC traditionnelle atteint-elle ses limites ?

L’Infrastructure as Code (IaC) a révolutionné la gestion des infrastructures informatiques : plus besoin de configurer manuellement chaque serveur, on décrit simplement l’état souhaité dans du code. Automatisation, reproductibilité et gain de temps sont alors devenus la norme. Cependant, quand les équipes grandissent ou que les environnements se multiplient, gérer efficacement l’IaC devient vite complexe, et certaines limites apparaissent:
  • Traçabilité limitée : difficile de savoir précisément qui a déployé quoi, quand, et pourquoi.
  • Processus de validation inconsistant : des changements critiques peuvent être réalisés en dehors de toute revue ou approbation rigoureuse.
  • Rollback complexe et risqué : restaurer un état précédent reste souvent manuel, chronophage, et sujet aux erreurs humaines.
Face à ces défis, le GitOps apporte des réponses concrètes.  

Qu'est-ce que le GitOps ?

Le GitOps est une approche moderne de gestion d'infrastructure qui applique les pratiques éprouvées du développement logiciel aux opérations d'infrastructure. Le concept a été popularisé initialement par Weaveworks en 2017, particulièrement dans l’écosystème Kubernetes, pour répondre aux défis posés par la gestion complexe des infrastructures distribuées. Depuis, une standardisation des principes a été réalisée à travers l’initiative OpenGitOps, pilotée par la Cloud Native Computing Foundation (CNCF), afin de proposer une définition claire et universellement partagée :  

Les quatre principes du GitOps (OpenGitOps) :

  • Déclaratif : L’état souhaité du système est exprimé de manière déclarative.
  • Versionné et immuable : Cet état est stocké dans Git, de façon immuable, avec une gestion complète du versioning.
  • Tiré automatiquement (Pull-based) : Des agents automatisés extraient régulièrement l’état désiré depuis Git.
  • Réconcilié en continu : L’état réel du système est observé constamment et ajusté automatiquement pour correspondre à l’état désiré décrit dans Git.
Cette méthodologie permet de rendre la gestion des infrastructures aussi transparente, traçable et collaborative que le développement logiciel traditionnel, tout en renforçant sécurité et reproductibilité.  

Le GitOps en action : un workflow concret

Pour mieux comprendre le fonctionnement du GitOps, examinons comment cette approche peut s'appliquer à différents contextes d'infrastructure.
  • Dépôt d'infrastructure source de vérité : L'équipe maintient un dépôt Git contenant la description déclarative de l'état souhaité de l'infrastructure (manifestes YAML pour Kubernetes, fichiers Terraform pour le cloud, configurations Ansible pour environnements hybrides, etc.)
  • Processus de modification contrôlé : Toute modification passe par un système de Pull Requests avec validations automatiques et revues par les pairs, la fusion dans la branche principale constituant l'approbation formelle du changement.
  • Réconciliation automatique via agents spécialisés : Des agents GitOps surveillent en permanence le dépôt d'infrastructure, détectent les écarts entre l'état décrit et l'état réel, puis appliquent automatiquement les changements nécessaires pour synchroniser l'environnement cible.
  • Observabilité et audit complets : L'historique Git et les logs de déploiement fournissent une traçabilité totale des modifications, tandis que les outils de surveillance offrent une visibilité en temps réel sur l'état de synchronisation entre le code et l'infrastructure
   

Flux GitOps typique illustrant le déploiement automatisé d'une application sur Kubernetes à partir du code source, via CI/CD, Git et un agent GitOps (ArgoCD).

Cette approche flexible illustre parfaitement les quatre principes du GitOps quelle que soit la cible : approche déclarative, versionnement dans Git, automatisation pull-based, et synchronisation continue.  

Les outils majeurs

Nous avons vu que pour que GitOps fonctionne, il faut des agents automatisés qui surveillent Git, comparent l’état désiré avec l’état réel, et appliquent les changements nécessaires. Voici les principaux outils recommandés dans l’écosystème CNCF :
  • Flux (fluxcd.io) : un agent GitOps modulaire, pensé pour Kubernetes, qui privilégie la simplicité, la sécurité et l’automatisation déclarative dans des environnements complexes.
  • Argo CD (argo-cd.readthedocs.io) : une solution très populaire pour Kubernetes, offrant une interface web claire et un workflow GitOps facile à adopter, compatible avec YAML, Helm ou Kustomize.
  • Jenkins X (https://jenkins-x.io/) : une plateforme CI/CD GitOps-native, orientée vers l’automatisation de tout le cycle de livraison, intégrant déploiement, tests et promotion entre environnements via Git.
 

Conclusion : Vers une adoption progressive du GitOps

À mesure que le GitOps gagne en maturité, nous observons son application au-delà de Kubernetes : infrastructures cloud complètes, bases de données, et même configurations réseau. Cette approche promet de devenir un standard de l'industrie pour tous ceux qui cherchent à gérer leurs infrastructures avec la même rigueur que leur code application. Le GitOps n'est pas seulement une collection d'outils, mais une philosophie qui rapproche développeurs et opérationnels autour d'un processus partagé, transparent et sécurisé. C'est, en définitive, l'incarnation la plus aboutie de la culture DevOps.  

Par Nicolas