Retour

Jeudi 15 mai 2025

Pourquoi tant de développeurs choisissent ils encore Vim en 2025 ?

Les éditeurs modernes débordent de fonctionnalités. Suggestions intelligentes, IA intégrée, interfaces ultra-colorées et tout un tas de choses qu’on ne savait même pas qu’on voulait. Et au milieu de tout ça, il résiste encore un irréductible éditeur minimaliste: Vim. Créé en 1991, Vim suit une philosophie simple: pas de souris, pas de menus, tout se fait au clavier. Et malgré son âge il reste un favori chez beaucoup de développeurs. D’après l’enquête Stack Overflow 2024 (source), un tiers d’entre eux utilisent encore Vim ou NeoVim de manière régulière. Pourquoi ce vieux machin continue-t-il à séduire ? Et surtout, comment l’utiliser intelligemment en 2025, même dans un environnement moderne ?

Vim — Wikipédia

Le minimalisme contre l’excès

Depuis une dizaine d’années, les éditeurs de code sont devenus des usines à gaz. Visual Studio Code, IntelliJ et consorts peuvent tout faire : corriger, reformater, anticiper, vous proposer une dizaine de solutions, voire écrire le code à votre place. Mais à force de vouloir tout faire… ces outils prennent beaucoup. Temps de démarrage. Ressources. Attention visuelle. Petites interruptions constantes. Une micro-fatigue qui s’installe sans prévenir. Vim fait l’inverse. Il démarre en un clin d’œil. Il ne vous distrait pas. Il ne vous devine pas. Il fait ce que vous lui demandez, ni plus, ni moins. Un outil qui reste à sa place, ça devient presque un luxe.

Vim, c’est un langage, pas juste un éditeur

Ce qui rend Vim unique, ce n’est pas juste son minimalisme. C’est sa façon de penser. Sa grammaire. Oui, on peut parler de grammaire, parce qu’avec Vim, vous écrivez des commandes comme on construit des phrases en suivant la syntaxe suivante :
opérateur + mouvement
Vous lui dites :
  • quoi faire (d pour delete, y pour yank, c pour change…)
  • où le faire (w pour mot, p pour paragraphe, " pour entre guillemets…)
Quelques exemples parlants :
  • daw : delete around word, supprime un mot avec l’espace autour
  • ci" : change inside quotes, modifie le contenu entre guillemets
  • yap : yank a paragraph, copie un paragraphe entier
Au début, on galère. On tape des trucs bizarres. On oublie le mode dans lequel on est. On rage un peu. Mais une fois les bases acquises, on cesse de développer des réflexes et on commence à dialoguer avec son code, et l’expérience devient un régal.

Un outil aligné avec l’artisanat logiciel

Chez Olympp, nous croyons à une certaine idée du métier :
  • Comprendre ce qu’on fait
  • Prendre le temps d’affiner ses pratiques
  • Maîtriser ses outils au lieu de les subir
Vim va dans ce sens. Il ne vous guide pas à la souris. Il vous pousse à choisir vos actions. À comprendre ce que vous tapez. À gagner en précision. Ce n’est pas un outil qui vous assiste. C’est un outil qui vous renforce.

Ancien, mais toujours dans le coup

Utiliser Vim en 2025 ne veut pas dire coder comme en 1998 dans un terminal vert fluo. Bien au contraire, avec sa popularité il est facile de retrouver une intégration de Vim un peu partout !

Dans les IDEs

Que vous utilisiez Visual Studio Code ou les IDE JetBrains, il existe des plugins comme :
  • Vim (VS Code)
  • IdeaVim (IntelliJ, WebStorm, PyCharm…)
Ils permettent de retrouver les modes, les mouvements, et la logique de Vim dans un environnement moderne, avec tous les avantages de l’IDE (debug, plugins, refactoring, etc.).

NeoVim : une version contemporaine

Fork moderne de Vim, il ajoute : configuration en Lua, intégration LSP native, auto-complétion intelligente, thèmes… il peut être un environnement de développement complet, modulaire et léger. Certaines distributions prêtes à l’emploi, comme LazyVim, NvChad ou AstroNvim permettent de démarrer rapidement avec une config solide. Mais le vrai luxe, c’est de comprendre ce qu’on installe. Parce que l’objectif, encore une fois, c’est la maîtrise.

Vimium : dans le navigateur

Avec l’extension Vimium (disponible sur Chrome et Firefox), on applique les mêmes principes de navigation au Web. C’est un petit bonus qui prolonge l’expérience clavier au-delà du terminal ou de l’IDE.

En conclusion

Utiliser Vim, ce n’est pas rejeter les IDEs ni refuser l’évolution du métier. C’est juste reconnaître que certains outils simples, bien compris, restent plus efficaces que des solutions très puissantes, mais mal maîtrisées. Vim ne fait pas gagner du temps dès le premier jour. Il en fait gagner sur le long terme. Il pousse à apprendre, à comprendre, à mieux cibler ses actions. Si vous aimez savoir ce que vous faites, ne pas dépendre d’un outil magique, et garder la main sur votre environnement; alors oui, Vim reste un choix solide. Même (surtout ?) en 2025.

Pour aller plus loin

  • vimtutor : Un tutoriel interactif dans le terminal installé avec Vim pour découvrir les actions les plus courantes
  • :help : Commande pour ouvrir la documentation intégrée dans Vim, complète et fiable
  • Kickstart.nvim : Config NeoVim de base, claire et évolutive → GitHub
 

Par Nicolas M.